dimanche 30 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un bleu marmoréen

On aimerait s’enfuir aux confins de la Terre,
En des lieux inviolés par l’ogre des réseaux,
Arpentant les déserts parsemés de cratères,
Dont certains sont emplis de féériques eaux.

On vogue sur des flots, nées d’un profond mystère,
D’un bleu presque irréel, sans algues ni roseaux :
Des falaises se dressent, rocs non sédimentaires,
Où nichent par milliers de mystérieux oiseaux.

Des sublimes dessins, tatouages des âges,
Illustrent les parois d’un bleu marmoréen,
Reflété dans les eaux comme sur nos visages.

Un antre ténébreux des temps solutréens,
Qui augure un danger, - du moins, on le présage -,
Gueule affamée qu’ouvre le marbre azuréen.


Un bleu marmoréen © Mapomme

Rimes drolatiques. Sous la pensée unique

Défions-nous désormais, en des temps outranciers,
De perdre tout relief sous la pensée unique ;
Nous irions formatés, privés de nuancier,
Acceptant, sans mot dire, un avenir inique.

Tout est aseptisé, lisse, indifférencié,
Pas un mot expressif, dans ce monde édénique ;
De blancs couloirs semblant percés dans un glacier
Néonisent des feux quasi cryogénique.

On n’ose plus penser, de peur que le cerveau
Ne soit examiné par d’intrusives ondes,
Détectant les germes d’un rebelle nouveau.

Donc, on ne pense pas, puisqu’un robot nous sonde,
Ou on songe à faire chez soi quelques travaux,
Et ainsi notre esprit de mille riens abonde.

Sous la pensée unique © Mapomme

samedi 29 novembre 2025

Rimes drolatiques. Des ballons vers le ciel

Nous avons envoyé, quand nous étions gamins,
Des ballons vers le ciel, emplis des plus beaux rêves,
Des rêves si légers, d’espoirs de lendemains,
Qui, se hissant trop haut, sous la pression se crèvent.

Nous avons longtemps cru qu’au bout de leur chemin,
Garants de nos espoirs qui au plus haut s’élèvent,
Ces désirs recevraient un patient examen ;
Ils n’ont reçu, hélas, qu’un méchant coup de glaive.

Nous avons tous grandi, mais restons ingénus,
Portant d’anciens rêves, sous des cieux d’anthracite,
Mais devinant, bien sûr, qu’ils s’avèrent ténus.

Le flot des ans coulant, l’échec est implicite,
Et nous sommes amers, bien qu’aujourd’hui chenus,
Conservant un espoir, malgré l’irréussite.

Des ballons vers le ciel © Mapomme

vendredi 28 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un vieux rocker sommeille

Un vieux rocker sommeille au cœur de mon esprit,
Demeurant révolté par l’infinie violence
Secouant notre monde, où règne le mépris
Des puissants imposant à nous tous le silence.

Ils l’achètent aux gueux, sans rougir, à vil prix,
Qui n’ont par conséquent que très peu en balance ;
Or, il nous faut choisir entre deux malappris
Vantant dans les médias une fausse excellence.

Plus ma toison blanchit et moins je suis patient,
Lorsque je vois dans l’onde un requin qui s’approche,
Faisant un grand sourire aux nageurs insouciants.

Il viendra nous croquer, sans la moindre anicroche,
Car nous allons vers lui, du danger inconscients,
Sans se barricader, à l’instar de Gavroche.




Un vieux rocker sommeille... © Mapomme

Rimes drolatiques. Homo Pacificus

L’humain croyait aller en paix dans la forêt,
Mâchouillant un épi, sous un azur limpide ;
S’il y avait danger, pour sûr ça se saurait,
Tant la notion paraît à tout jamais stupide.

Paisible est le présent et ce qui effarait,
Dans les siècles passés, barbares et sordides,
Fit place au dialogue ; hors des coupe-jarrets
Troublant le quotidien, nos jours semblent splendides.

L’homo pacificus voit soudain déferler
Des monstres du passé, dinosaures voraces,
Qui surgissent d’un coup, près de nous, sans hurler !

Fossiles bien en chair, ils viennent sur nos traces,
Se fichant des traités et des vains pourparlers,
Mais veulent des humains éradiquer la race.

Homo Pacificus © Mapomme

dimanche 23 novembre 2025

Rimes drolatiques. Buissons ardents de rage

L’invocateur de l’Ombre a semé en tous lieux
Des buissons épineux qui, dans la nuit constante,
Agitent leurs branches en direction des cieux,
Mais aux appels les nues semblent rester distantes.

Ces buissons, bras levés, dressent des poings furieux,
Rêvant d’une aurore qui serait persistante
Et d’un empire allant sur un chemin glorieux,
Sous sa botte écrasant la vermine existante.

Délivrez-nous des nuits où croissent ces démons,
De la raison privés, et sans miséricorde,
Tels des vaisseaux voguant sans cap et sans timon !

À cet invocateur, trop d’égards on accorde,
Ainsi qu’à son délire, en forme de sermon,
Entravant la pensée de maléfiques cordes.


Buissons ardents de rage © Mapomme

mardi 11 novembre 2025

Rimes drolatiques. Délivre-moi de l’ombre

Bougie mi-consumée, délivre-moi de l’ombre,
Enténébrant l’esprit des humains esseulés !
Dans le doute, égarés, les minces espoirs sombrent
Et par tous, vainement, le jour est appelé.

Nos étés se vêtent des habits de décembre,
L’âme et le corps tremblent, tels des oiseaux gelés,
Et dans les drapas frileux, réfugiés dans la chambre,
Contre la nuit, chacun s’entête à grommeler.

Bougie, pâle soleil qui, en tremblant, m’éclaire,
Apporte un jour nouveau, un peu moins incertain,
Si tu daignes enfin par bonté me complaire !

Un sombre avenir règne en tyran importun,
Prédisant un destin pernicieux et polaire,
Qui fait de la maison un fragile fortin.

Le vol des goélands © Mapomme

dimanche 9 novembre 2025

Rimes drolatiques. Le vol des goélands

Elle fixe l’azur où vont les goélands,
Qui dominent les vents et recherchent dans l’onde
Le reflet argenté d’un poisson excellent,
Dont les flots oscillants depuis toujours abondent.

Bien qu’allant dans les airs, ils ont un cri dolent,
Comme pris d’un tourment que nul savant ne sonde ;
Elle les voit volant, libres et insolents,
Sans chaînes ni doxa, qui sur rien ne se fondent.

S’envoler et suivre, selon l’inspiration,
Un chemin ou un autre, hors des règles prescrites,
Est le seul vœu à prendre en considération.

On doit l’offrir à tous, quels que soient nos mérites,
Sans rester l’attribut d’une génération ;
Volent les goélands, loin des lois hypocrites.


Le vol des goélands © Mapomme

samedi 8 novembre 2025

Rimes drolatiques. Les illusions perdues

La guerre a le pouvoir de changer les humains,
Les rendant féroces, sans âme et sanguinaires,
Pouvant enténébrer les tristes lendemains
D’un être, jusqu’ici, paraissant ordinaire.

S’il a vu les horreurs parsemant le chemin
De ceux qui combattent de cruels tortionnaires,
En ayant pu mûrir un honnête examen,
Comment pouvoir rester quelqu’un de débonnaire ?

Quand on sait qu’un conflit nous fait envisager
La mort des soldats, comme simple variable,
Pour atteindre la paix, qui pourra présager

Qu’on ne deviendra pas le plus sanglant des diables,
Comme ceux dans les camps, s’avérant enragés,
Voyant de l'Abîme les maux irrémédiables ?

Les illusions perdues © Mapomme

vendredi 7 novembre 2025

Rimes drolatiques. Une pièce pour soi

Voici des décennies, la femme à la maison,
Jour après jour restait, hors du monde, recluse
Et s’y sentait souvent quasiment en prison,
Dans la moindre pièce, allant telle une intruse.

Apprenant qu’une amie disposait du cocon
D’un boudoir personnel, sans dispute, ni ruse,
Elle l’enviait d’avoir, par un débat fécond,
Repoussé d’un époux les mille et une excuses.

Que, pour elle, une femme ait un douillet endroit,
Afin de ne rien faire ou selon son choix lire,
Permet de s’exempter des jugements étroits.

Le farniente enrichit tout esprit qui s’exile,
Hors d’un monde sans joie, dans une pièce à soi
Qui offre à la pensée le plus sublime asile.


Une pièce pour soi © Mapomme


Rimes drolatiques. Pétri d’ombre et lumière

Je ne sais si l’humain fut pétri dans la glaise,
Et qui, sans l’avoir vu, pourrait le garantir ?
Selon moi, il est fait de noirceur et de braise,
D’ombre et de lumière, d’orgueil, de repentirs.

Nous marchons, chaque jour, au bord de la falaise,
À deux doigts de chuter, ne pouvant s’en sortir ;
Craignant du sombre abime un futur qui déplaise,
Notre esprit augure qu’il veut nous pervertir.

Parfois, j’entraperçois, reflété dans la glace,
Entre ombre et lumière, mi-fiel et mi-candeur,
Un humain ignorant sa véritable place.

À la bonté succède une violente ardeur,
À laquelle on cède, défait de guerre lasse,
Quand l'âme est pénétrée d'une sombre froideur.

Pétri d'ombre et lumière © Mapomme