Étrangement, j'aimais aller dans la forêt,
Lorsque arrivait l'automne et ses brumes dansantes ;
Si j'avais conservé ce goût, ça se saurait :
Ce qu'on aime à vingt ans nous déplaît à soixante !
Dès octobre, en ce temps, annonçant les frimas,
Fouler l'épais tapis de feuilles chues roussâtres
Procurait un plaisir, en dépit du climat,
Que jamais je n'ai pu, dans mon printemps combattre.
Parmi les châtaigniers, quand ondoie le brouillard,
Il ne se passe rien et les pensées s'envolent
Vers les nues avançant, tel un lent corbillard,
Car on a du trépas une vision frivole.
Nourri d'œuvres du siècle aux écrits exaltés,
Je tentais d'éprouver des passions esthétiques ;
Admirable est l'excès d'un héros révolté,
Dont les exhortations s'avèrent frénétiques.
On aurait voulu vivre un destin prestigieux,
Mourir d'un grand chagrin, demeuré légendaire,
Mais on suit un parcours, sans summum prodigieux,
Post-mortem ne laissant nul renom planétaire !
La forêt en automne © Mapomme
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