Entre l’attirant charme et la beauté d’une âme,
Il y a souvent plus qu’un espace abyssal.
Si une voix séduit et soudain nous captive,
Par son timbre parfait aux douces inflexions,
Elle désarme aussi nos défenses actives
Qui croient ainsi trouver l’ultime perfection.
Le timbre d’une voix de réflexion nous prive
Et s’avère très vite une vraie addiction ;
Notre raison se perd et part à la dérive,
Pour se voir à jamais plongé dans l’affliction.
Hélas, il y a loin de la promesse aux lèvres
Car la beauté d’un chant est source de danger,
Et il faut se méfier de ces soudaines fièvres.
Une ardente passion peut vraiment nous changer,
D’autant qu’en ce domaine nous sommes des orfèvres :
Puisqu’aux choses du cœur nous sommes étrangers.
Trop souvent on se brûle à la naissante flamme
Et fait d’un être libre un implorant vassal.
lundi 30 septembre 2024
L'odyssée des passions. Le danger d’un doux chant
L'odyssée des passions. Les charmes de Circé
Celle pour qui palpite plus vite notre cœur,
Est une enchanteresse usant de quelque charme.
Avec ou sans magie, l’attirance est un sort
Qui réduit et enivre l’esprit de ses victimes ;
Souvent la magicienne ignore les ressorts
Qui brisent les remparts que la défiance intime.
Un sourire, un regard, et le soupçon s’endort,
Tandis que sur les cœurs une magie s’anime ;
Si fort que l’on se croit, sans l’aide d’un mentor,
Les effets ne seront en aucun cas minimes.
Certains montrent au jour de leur être un aspect,
Et révèlent le porc qui sommeillait, vorace,
Dès lors ne laissant plus au cœur la moindre paix.
Pris de folie, l’esprit avance sans cuirasse,
Se mouvant à tâtons dans un brouillard épais,
Sans pouvoir s’échapper, revenant sur ses traces.
C’est la folle passion qu’un dieu ailé moqueur
Décoche de son arc et nous laisse sans arme.
samedi 28 septembre 2024
L'odyssée des passions. Naissance des récits
D’où viennent les récits qu’ont forgés des auteurs :
De
poèmes oraux contés à veillée ?
En
Mésopotamie, un roi voulut percer
Le
secret réservé aux entités divines ;
D’être
un jour immortel, l’espoir l’avait bercé,
Mais
ne l’obtint jamais, ainsi qu’on le devine.
L’ode
de Sinouhé entendant converser
Des
factieux exposer les menées assassines
Contre
le fils du roi, voulant le renverser,
Fut
le premier roman dont le récit fascine.
Le
périple d’Ulysse est connu de chacun,
Qui
ne respecte pas le fil chronologique,
Où
les dieux sont dépeints coléreux et mesquins.
Récit
du temps perdu, après dix ans tragiques,
Dix
ans de plus passés, sur l’eau d’un bleu turquin,
Sombre
dès que l’on voit l’abîme pélagique.
C’est
un humain livré à des dieux comploteurs,
Qui
voit d’un juste sort sa patience payée.
Élégies. La voix de la révolte
Paris s’est enivré d’un parfum de révolte
Et les rues ont rêvé de
porter l’opinion
De la France et du Monde, mais
en retour récolte
L’opprobre de semer partout la désunion.
La cité s’est bercée du siècle des Lumières,
Des splendides quartiers, mais glane la stupeur ;
Le Monde désavoue ses
ires coutumières,
Ses dégâts enflammés et
ses sermons dupeurs.
Ceux qui n’ont presque rien, sur
la planète en nombre,
Voient des semi-nantis manifester sans faim ;
Les plus démunis voient fumer
les noirs décombres
D’écoles qu’on détruit, sans en saisir la
fin.
Les fruits de la Terreur, semeurs de barricades,
Rêvent de renverser à nouveau le pouvoir ;
Qu’adviendra-t-il de nous, après cette
toquade ?
Aurons-nous des tyrans ?
Ça on peut le prévoir !
Chacun a pu tester la
vérité première :
Un mieux vers l’incertain du bien est l’ennemi ;
On se perd dans la nuit,
en quête des Lumières,
Dans le mythe sanglant d’anciens crimes commis.
vendredi 27 septembre 2024
Élégies. Un horizon brumeux
On fait une rencontre,
apparemment banale,
Que rien ne prédestine à un grand avenir,
Ne semblant pas digne d’entrer dans les annales,
Car d’un lien si
fragile il vaut mieux s’abstenir.
Simple fruit du hasard,
cet instant ordinaire,
Comme on en fait souvent sur
l’inconstant chemin,
Des printemps esquissant des lendemains binaires,
Sans nulle évolution,
pourtant propre aux humains.
De l'entretien peut naître
un profond intimisme,
Ou rester ennuyeux,
essaimée de poncifs ;
Mieux vaudrait se défier, sans le moindre
cynisme,
D’une folle passion à l’air
inoffensif.
Le cœur longtemps
meurtri durant
l’adolescence,
Dépouillé d’illusions on devient silencieux ;
Ayant perdu la foi en une renaissance,
On portera sur l’autre
un regard suspicieux.
Un horizon brumeux, qui naît des cicatrices
D’un douloureux passé, réprime tout
envol ;
Il convient de guérir cette fièvre expiatrice
Pour n’être
plus cloué à jamais sur le sol.
mercredi 25 septembre 2024
Élégies. Immense était l’espoir
Belle enfant aux yeux verts qu’es-tu donc devenue
Sous des cieux éloignés des droits républicains ?
Les cerfs-volants dansaient librement dans les nues,
Dans la ludique joie, sans interdits mesquins.
Mais il n’est d’azur bleu, affranchi de nuages,
Obscure menace grondant à l’horizon ;
Sur les arbres, déjà, frissonne le feuillage,
Car un ciel assombri semble une trahison !
Plus vaste était l’espoir, plus ample est la détresse,
Lorsque le libre choix se découvre
asservi
Par un dogme imposant ses injonctions maîtresses
Qui bannit toute joie, suppliciant à l’envi.
Ces yeux sont-ils éteints, privés d’une espérance
Sous quelque obscurantisme ou un tyran furieux ?
Comment les protéger de toute intolérance,
Quand s’affranchir demeure un objectif curieux.
Insouciants nous lançons des semences de rêves,
Sans songer que la nuit proscrira les moissons ;
Si fragile est la paix et l’espérance brève,
Car l’obscur détruira les champs que nous laissons.
mardi 24 septembre 2024
Balades. Le sentier rocailleux
J’ai suivi le sentier que les chèvres empruntent,
Parsemé de cailloux rendant risqué l’appui ;
Pour passer ce tapis de gravillons sans crainte,
Le temps permet d’être de ses pièges instruit.
Dorénavant je sais où sont les chausse-trappes,
Et où l’on peut poser le pied sans nul danger ;
Or, il ne s’agit point d’user de la varappe,
Mais d’un sentier ardu qui a très peu changé.
Le parfum du maquis semble une madeleine,
Qui m'évoque autrefois par le seul odorat ;
J’ai tant couru ici, jusqu’à en perdre haleine,
Que ce chemin étroit se nimbe d’une aura.
Quand décroît la chaleur après les dix-sept heures,
On peut se balader sur ce fameux sentier,
Entre l’herbe séchée, non loin de ma demeure,
Où poussent quelquefois de rares églantiers.
On revient aveuglé après une heure entière,
Suant tel un berger parti dès le matin,
De retour au couchant, avec la joie altière
De voir à peu de pas son objectif atteint.
dimanche 22 septembre 2024
Élégies. Pénétrer dans les cœurs
Interpréter un air de Bach ou de Schubert,
C’est dévoiler son âme à tous ceux qui écoutent ;
Chacun est habité par son propre univers,
Sans que ce qu’il compose amplement nous envoûte.
Si on ne peut être Beethoven ou Mozart,
Il faut vers le récit que l’artiste s’oriente :
Rares sont les génies versés dans tous les arts,
Et comment les servir sans lacunes criantes ?
Sentant ses limites dans le champ musical,
Vers l’écrit se tourna cette artiste prodige,
Qui avait un renom, d’un point de vue local,
Mais qui voulait connaître un plus ample prestige.
On entre, dès l’intro, dans les faits quotidiens
D’êtres particuliers que soudain on observe ;
On sait tout de leur vie, tels de zélés gardiens,
En détail les zyeutant, sans aucune réserve.
Comment peut-on entrer dans les méditations
D’autant de différents et curieux
personnages ?
Dans la prose on entend la fine partition
D’un auteur décrivant les gens d'un voisinage.
mercredi 18 septembre 2024
Élégies. Bonheur teinté de spleen
Dans les moments d’absolue plénitude,
Un démon invisible aime tout obscurcir,
Car on se voit privé des grandes certitudes,
Les rêves ne cessant depuis de s’étrécir.
En effet, lorsqu’on a des loisirs en pagaille,
C’est pour remplir un vide impossible à
combler :
De plomb est le revers à l’or d’une médaille,
Quand le destin paraît si peu nous ressembler.
Qu’importe la beauté
de la diurne lumière
Et le panorama de la baie de Capri !
La tristesse absolue,
par malheur coutumière,
Efface tout plaisir naissant
en notre esprit.
On semble tout avoir, hormis la joie profonde,
Comme si l’on avait laissé sur le chemin
Un trésor capital, dont le regret inonde
Le fragile inconscient régentant les humains.
Vers quel cieux sont partis les rêves de
jeunesse,
Et quel mal
est venu les réduire à néant ?
Jamais la vie aisée ne tiendra ses promesses,
Car le luxe conduit à l’abîme béant.
lundi 16 septembre 2024
Élégies. Un bureau très spartiate
On croit mieux travailler sur un bureau immense,
Dans un lieu où l’on
a le meilleur des conforts ;
Pourtant, en cet endroit,
de maigres performances
Résultent au final, malgré tous nos efforts.
Aussi quand nous usons d’un mobilier spartiate,
Nous demeurons
surpris du patent
résultat :
Le nombre de sujets est
en hausse immédiate,
Sans aucun stupéfiant pour changer notre état.
Ni télé, ni ordi, rien
qui ne nous détourne
De ce qui occupe chaque
jour, chaque mois :
Dans la pièce réduite
où sans fin on séjourne,
On fouille le présent et de lointains émois.
Il faut marcher un peu, car sortir nous inspire
Et nous lie aux sous-bois, comme aux saisons
d’antan ;
En explorant le Temps,
on sauve de l’empire
Des brumes de l’oubli des
maux nous tourmentant.
Pour enfin assouvir sa passion absolue,
Il faut être reclus et même
ensauvagé,
Retrouver l’émotion
d’époques révolues,
Où d’amples
afflictions nous avaient ravagés.
vendredi 13 septembre 2024
Élégies. Par l'odeur alléchés
Sanglier et Renard, par l’odeur alléchés,
Rôdent
sous la terrasse, quémandant quelques restes ;
Sans le maquis, Les
fruits se trouvent desséchés
Et
des humains il faut guetter de maigres restes.
C’est
pitié de les voir réduits en cet état,
Eux
qui étaient seigneurs de la faune sauvage ;
Les
voici asservis aux desiderata
Des
chaleurs de l’été qui font tant de ravages !
Ceux
qui vivent ici, dans cette ample maison,
Semblent
aimer aussi les animaux nuisibles,
Comme
les qualifient, pour leurs propres raisons,
Les
hommes qui les tuent quand la chasse est possible.
Pour
autant il vaut mieux demeurer très prudents,
Les
humains révélant des natures fantasques,
Charitables un jour, le suivant trucidant
Sans
motif apparent, sous le coup d’une frasque.
Les
étés se suivent, sans relâche empirant,
Rendant
rares les proies et toute nourriture ;
Voilà
les animaux soumis à leurs tyrans
Qui
ont tant mis à mal la précieuse Nature.
Élégies. Prendre le bien des autres
La mode était passée et semblait révolue.
Soudain tout a changé, pris d'un mal mystérieux :
La
sociabilité s’est trouvée dissolue,
Sous
l’effet d’appétits devenus impérieux.
L’humain
civilisé redevint un sauvage,
Depuis
bien des années traînant au fond de lui ;
En tous lieux, autrefois, il fit bien des ravages
Et ce
démon dormait sans jamais l’avoir fui.
Le
barbare est en nous depuis des millénaires
Et
nul écrit sacré n’a pu l’en déloger !
Plus
on se voudrait saint, plus on est sanguinaire,
Et à
ce fait certain on ne peut déroger.
On
veut les biens d’autrui, sans même avoir conscience
D’en
revenir aux temps qu’on supposait défunts !
Des
tyrans se font jour, bernant notre patience,
Chapardant
un pays pour assouvir leur faim.
Rien
n’est vraiment acquis, encor moins la quiétude,
Car
le monde évolue quelquefois vers le Mal,
Quand
l’assurée bonté tombe en désuétude,
Que
l’humain redevient un farouche animal.
Promenades. Souvent faire peau neuve
Afin d’entretenir grands arbres et arbustes,
Dans le maquis voisin, de la nuit au matin,
Pour qu’un naissant fruitier soit meilleur et robuste.
Les oiseaux emportant les fruits les plus sucrés,
En perdaient une part comportant une graine ;
Un jeune arbre croissait, par un charme sacré,
Hasard de la nature, en ces lieux souveraine.
Un vigneron rentrant, un berger en passant,
Jouaient donc au lutin en y greffant une ente ;
Ainsi, en plein maquis, ces arbres, en croissant,
Ensuite offraient pommes et figues succulentes.
Des hommes récoltaient, du printemps à l’été,
Au cœur des suberaies, tous les neuf ans le liège,
Produisant pour cela des efforts répétés,
Sur l'arbre l’écorce dont il faut qu’on l’allège.
À présent les arbres ne reçoivent nul soin
Et tout chêne-liège a une écorce épaisse ;
Je vais dans le maquis et je n’y trouve point,
Des fruits d’arbres greffés d’une quelconque espèce.
dimanche 8 septembre 2024
Élégies. Le repos des marcheurs
Ce siècle est frénétique
et l’on voit s’agiter
Tout un peuple courant en
regardant sa montre ;
La frénésie effraie
et laisse dépités
Les paisibles marcheurs qui
souvent les rencontrent.
Faire
mieux chaque fois devient la religion
Des fervents du
chrono, proches de la démence.
Athée à
ce credo,
sorte de contagion,
J’omets
de calculer ce que mon corps
dépense.
Je m’arrête à la source,
après avoir marché,
Écoutant
longuement la
suprême quiétude ;
Je ne laisse jamais la folie
me gâcher
Le plaisir du regard
qu’ici-bas rien n’élude.
M'arrêter en chemin me semble un vrai bonheur,
Puisqu'on peut détailler des points de vue sublimes ;
Bien sûr, je n'apprends rien aux fréquents randonneurs :
Depuis belle lurette, eux-mêmes les estiment.
Je prends quelques photos, dans la végétation,
Du phénix résurgent des plantes condamnées
Après un feu ancien porteur de destruction ;
Vivons ces instants brefs tout au long de l'année !
Élégies. Les pommes oubliées
Deux pommes ont flétri,
laissées à l’abandon
Tant d’oublis ont conduit, sans possible pardon,
Au dépérissement fatal et systémique.
On délaisse une plante, sans jamais l’arroser
Et la voilà fichue, bonne pour la poubelle ;
On oublie un ami, qui aimait nous causer,
Pour un pote nouveau, médiocre mais comique.
Un vieux parent aimable dans son lit dépérit,
Sans qu’on trouve le temps de prendre des nouvelles ;
Que de gens on oublie, auparavant chéris :
À quoi occupons-nous notre fichue cervelle ?
Combien délaissons-nous les engouements du cœur,
Pour palabrer au bar sur des sujets futiles ?
Que de regrets, après, car le temps est moqueur
Et se plaît à punir les bla-bla inutiles.
Car nous avons laissé bien des fois se ternir
Un amour qui naissait, par pur enfantillage ;
Par la suite, on regrette un si cher souvenir,
Tel un fruit sacrifié pour de vains babillages.
Élégies. Danses des temps qui changent
Classes pontifiantes, de lointaines rapines
De guerriers anoblis par un vil souverain,