jeudi 4 décembre 2025

Rimes drôlatiques. Le vrai coût de la guerre

Un monstre sanguinaire expédie sa jeunesse,
Sur le front, au combat, pour y verser le sang,
Celui de l’ennemi et le sien en l’espèce,
César ayant prédit un pouvoir renaissant.

Mourrez, braves soldats, pour la fière promesse,
D’une fatale plaie ou sous des vents glaçants,
Qu’une génération s’éteigne avec noblesse,
Inspirant des romans et des chants indécents.

Dévorant ses enfants, ce tyran est Saturne,
Petit titan pâlot, qui se veut immortel,
Aux yeux inexpressifs, glacés et taciturnes.

Il lui faut sacrifier sur ces fumants autels,
Le sang de la patrie, les cendres dans les urnes,
Pour vivre dans l’histoire et paraître éternel.


Le vrai coût de la guerre © Mapomme

mardi 2 décembre 2025

Rimes drolatiques. Bannir la féérie

Bruxelles, Noël triste, où de nombreux enfants
Se voient privés des joies des fêtes coutumières :
Un maire mécréant soudainement défend
L’annuelle crèche de nos années premières.

D’horribles mannequins, que l’opinion pourfend,
Aux visages sans trait, plantés sous les lumières,
Affichent leur horreur, nos rêves étouffant,
La féérie étant d’un dogme prisonnière.

Ailleurs on a banni les crèches et sapins,
Qui indiquaient la joie des cadeaux, du partage,
Des tablées réunies, qu’on soit ou pas rupin.

Quelle est cette folie qui nous prend en otage,
Où un sectaire veut, jouant les turlupins,
Bannir la féerie qui est notre héritage?


Mères des bleus éteints © Mapomme


lundi 1 décembre 2025

Rimes drolatiques. Mères des bleus éteints

Brumes atlantiques, mères des bleus éteints,
Combien de cargaisons, volées à d’autres terres,
Ont enrichi les cours d’épices du lointain,
De trésors abondants, soudains et salutaires ?

Les comptoirs du ponant et ceux du levantin
Ont fait des rois mineurs, religieux et austères,
De puissants souverains dominant le gratin
Des cours de l’Europe sur ce simple critère.

Les possessions d’hier, soudain s’émancipant,
Ne resta que l’orgueil pour unique fortune,
Aux marchands démunis, jamais n’anticipant

Qu’une source tarit de cause inopportune ;
Le sort d’un peuple entier des aléas dépend :
Ne reste que la brume et l'or pris par Neptune.

Mères des bleus éteints © Mapomme

dimanche 30 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un bleu marmoréen

On aimerait s’enfuir aux confins de la Terre,
En des lieux inviolés par l’ogre des réseaux,
Arpentant les déserts parsemés de cratères,
Dont certains sont emplis de féériques eaux.

On vogue sur des flots, nées d’un profond mystère,
D’un bleu presque irréel, sans algues ni roseaux :
Des falaises se dressent, rocs non sédimentaires,
Où nichent par milliers de mystérieux oiseaux.

Des sublimes dessins, tatouages des âges,
Illustrent les parois d’un bleu marmoréen,
Reflété dans les eaux comme sur nos visages.

Un antre ténébreux des temps solutréens,
Qui augure un danger, - du moins, on le présage -,
Gueule affamée qu’ouvre le marbre azuréen.


Un bleu marmoréen © Mapomme

Rimes drolatiques. Sous la pensée unique

Défions-nous désormais, en des temps outranciers,
De perdre tout relief sous la pensée unique ;
Nous irions formatés, privés de nuancier,
Acceptant, sans mot dire, un avenir inique.

Tout est aseptisé, lisse, indifférencié,
Pas un mot expressif, dans ce monde édénique ;
De blancs couloirs semblant percés dans un glacier
Néonisent des feux quasi cryogénique.

On n’ose plus penser, de peur que le cerveau
Ne soit examiné par d’intrusives ondes,
Détectant les germes d’un rebelle nouveau.

Donc, on ne pense pas, puisqu’un robot nous sonde,
Ou on songe à faire chez soi quelques travaux,
Et ainsi notre esprit de mille riens abonde.

Sous la pensée unique © Mapomme

samedi 29 novembre 2025

Rimes drolatiques. Des ballons vers le ciel

Nous avons envoyé, quand nous étions gamins,
Des ballons vers le ciel, emplis des plus beaux rêves,
Des rêves si légers, d’espoirs de lendemains,
Qui, se hissant trop haut, sous la pression se crèvent.

Nous avons longtemps cru qu’au bout de leur chemin,
Garants de nos espoirs qui au plus haut s’élèvent,
Ces désirs recevraient un patient examen ;
Ils n’ont reçu, hélas, qu’un méchant coup de glaive.

Nous avons tous grandi, mais restons ingénus,
Portant d’anciens rêves, sous des cieux d’anthracite,
Mais devinant, bien sûr, qu’ils s’avèrent ténus.

Le flot des ans coulant, l’échec est implicite,
Et nous sommes amers, bien qu’aujourd’hui chenus,
Conservant un espoir, malgré l’irréussite.

Des ballons vers le ciel © Mapomme

vendredi 28 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un vieux rocker sommeille

Un vieux rocker sommeille au cœur de mon esprit,
Demeurant révolté par l’infinie violence
Secouant notre monde, où règne le mépris
Des puissants imposant à nous tous le silence.

Ils l’achètent aux gueux, sans rougir, à vil prix,
Qui n’ont par conséquent que très peu en balance ;
Or, il nous faut choisir entre deux malappris
Vantant dans les médias une fausse excellence.

Plus ma toison blanchit et moins je suis patient,
Lorsque je vois dans l’onde un requin qui s’approche,
Faisant un grand sourire aux nageurs insouciants.

Il viendra nous croquer, sans la moindre anicroche,
Car nous allons vers lui, du danger inconscients,
Sans se barricader, à l’instar de Gavroche.




Un vieux rocker sommeille... © Mapomme